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Les 11 commandements de l'automobiliste au Québec

Jean-Michel Lhomme • 5 avril 2021

Bienvenu jeune padawan conducteur, dans ce nouveau continent fait pour toi. Car oui, le continent nord-américain a été fait pour la voiture... donc pour toi. Je ne vais pas te raconter des salades : conduire au Québec ce n'est franchement pas sorcier. Aucune raison de stresser. D'autant qu'avec les 10 conseils ci-dessous, les subtilités routières locales n'auront plus aucun secret pour toi.

1. Tes nids de poule tu choisiras

Oui parce que, oubliez tout de suite l'idée qu'alerte que tu es au volant, tu vas pouvoir habilement éviter les nids de poule. Même pas en rêve ! Il y en a tellement. Et certain sont plus de l'ordre du poulailler que du nid.
Ici, l'entretien des routes est un vrai sujet. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas d'investissements : il suffit de voir le matériel et les moyens humains engagés à chaque bordée de neige... Non, état, province, mairie, tout le monde fait ce qu'il peut, mais vois-tu, Monsieur météo est nettement plus fort que tout ce petit monde réunis.
Alors, oui, ici, tu apprendras à choisir tes nids de poules.


2. Du régulateur de vitesse tu abuseras

Comment dire ça le plus simplement possible ?.... Putain que c'est droit ! C'est ça. Ici, la quasi-totalité des routes sont des autoroutes (gratuites ! Si, si, ça existe ;-) ) et les virages y sont très légers et très rares. Comme en plus, tu vas vite découvrir qu'ici la vitesse maxi est de... 100km/h et que la patrouille a un sens de l'humour inversement proportionnel à sa présence au bord des routes, alors oui, le régulateur de vitesse va vite être plus que ton ami.


3. Du prix de l'essence tu riras

Une journée sans rire est une journée perdue à ce qu'il parait. Alors, si tu as l'habitude de faire ton plein en France, au Québec, tu vas te fendre la poire à chaque station-service ! Et si la dite station est postée sur une réserve autochtone (donc, exemptée de taxes) alors là, ça te refait carrément ta semaine !
On est grosso modo sur du -40% à -50% par rapport à la France.
Mais bon, comme on est pas non plus à Disneyland il y a deux contreparties pas négligeables :
- ici, les distances sont longues, longues, longues : des km, tu vas manger !
- ici, comme aux Etats-Unis, le prix de l'essence n'étant pas un sujet, celui de la consommation non plus. Les voitures développées pour le marché US et Canada consomment facilement de 12 à 15l au 100. Et glou, et glou.
Fais-y attention en choisissant ta voiture en arrivant. En règle général, les asiatiques et les européennes sont plus raisonnables, mais comme les moteurs sont parfois adaptés au marché US où que certains modèles n'existent qu'ici, il te faudra bien y regarder à deux fois..a ou accepter de passer régulièrement rire un bon coup à la station service !


4. De l'autre côté du carrefour tu regarderas

Alors ça, c'est l'une des subtilités locales qui m'a le plus plu. Franchement, au début, ça surprend, mais à l'usage, qu'est-ce que c'est pratique ! Au carrefour, les feux de signalisation se trouvent sur le côté opposé du carrefour. Placés en haut, au milieu de la voie, ils sont hyper visibles (quel que soit la taille ou le nombre des voitures devant vous). Dans les faits, vous vous arrêtés donc une dizaine de mettre avant les feux.
Souvent, je me dis, que ce serait une bonne idée d'importer cela en France. Mais cela n'est possible qu'avec les carrefours taille XXL et angles droits de l'Amérique du Nord. Pas facile à adapter sur les routes européennes.


5. Au panneau "arrêt" tu t'arrêteras... vraiment

Avoue, souvent à l'approche d'un stop, tu ralentis, tu regardes à droite, à gauche, et si la voie est libre, tu reprends ton chemin. Mais si, on t'a vu. Sauf qu'ici, la police est particulièrement sévère sur ce point. Et des stops (ou plutôt des "arrêts" puisque le panneau a été francisé... Et c'est plutôt une bonne idée, je trouve), il y en a tous les 10m. C'est à peine croyable. Au Québec, on a la même fascination pour le panneau "arrêt" qu'en France pour les rond-points :-).
Avantage de ces "arrêts" à répétition, la priorité à droite n'est plus un problème !


6. Au feu rouge clignotant tu t'arrêteras... vraiment

À certains endroits et/ou à certaines heures, les feux de signalisation sont rouge clignotant (j'ai bien dit "rouge" et pas "orange"). C'est simple, c'est comme si on vous avait mis un beau panneau "arrêt". Donc, pour savoir quoi faire, retour au point 5.


7. A chaque arrêt de bus scolaire tu t'arrêteras... vraiment

Ils sont sympas ces bus jaunes ! Ils ont de la gueule, ils font jolis dans le paysage même si, de paroles d'écoliers, ils ont un petit côté tape-cul.
Ce qu'il te faut comprendre (sous peine de te voir retirer ton permis de conduire vitesse grand V), c'est qu'ici, on ne rigole pas avec la sécurité des enfants. Alors quand le bus s'arrête pour charger ou décharger des enfants, toi qui est derrière, tu t'arrêtes aussi (et à bonne distance en plus). Même pas en rêve tu déboîtes, non : tu t'arrêtes et tu gardes le sourire.
Là, tu te dis, "ouais, rien de neuf sous le soleil, pas la peine de faire un article pour ça". Sauf que si celui qui est derrière le bus, s'arrête assez logiquement, celui qui arrive en face du bus, s'arrête lui aussi ! Et si l'arrêt est à un carrefour se sont les 4 voies qui se mettent à l'arrêt complet !


8. Au feu vert clignotant tu accélèreras... vraiment

Alors celui-là, j'ai franchement mis du temps à le comprendre. À un moment, les feux verts passent pour une courte durée au vert clignotant.
Au début, je me suis dit que c'était un "vas-y, mais fais gaffe". Mais bon, en fait, c'est un "vas-y fonce" !
Quand vous avez le feu vert clignotant, les automobilistes en face eux, sont toujours au rouge. Cela veut dire, que tu peux tourner à droite ou à gauche sans te soucier de savoir si quelqu'un ne va pas te couper en deux au passage.
Par contre, dès que cela passe au vert fixe, méfiance : non seulement, tu dois faire attention au comportement de l'automobiliste en face mais en plus, tu ne dois pas t'engager dans le carrefour sans que ta voie ne soit clarifiée. Et oui ici, interdiction formelle de s'arrêter (même quelques secondes) au milieu du carrefour.
NB : sur ce dernier point, note que c'est la même chose en France, mais bizarrement tout le monde semble avoir zappé l'info :-)


9. De bons pneus tu choisiras

J'avoue, moi aussi en arrivant, je n'avais qu'une obsession : il me faut un gros 4x4 pour affronter l'hiver.
Mais comment font donc tous ces gens d'ici ? Non parce que certes, il y a pas mal de 4x4, mais on voit aussi beaucoup de berlines lambda. D'ailleurs la voiture la plus vendue au Québec, c'est la Honda Civic. Dans le genre gros 4x4, on fait mieux.
Comme me l'a dit un vendeur auto, il vaut mieux une Civic avec de bon pneus hiver, qu'un 4x4 avec des pneus usés ou médiocres.
Le secret, c'est les pneus !!!
NB : au Québec, les pneus hivers sont obligatoires de décembre à mars (les dates changent tous les ans.). Et les pneus cloutés sont autorisés sur routes (parfois interdits dans certains parkings, car outre le bruit puissant et très caractéristique, cela flingue les revêtements de sol).


10. Du liquide lave-glace tu provisionneras

Incroyable. Quand dès octobre, j'ai vu que les ventes en gros pour du liquide lave-galce (pack de 6x2L) se multipliaient devant tous les supermarchés, je me suis dit : "Ce sont des malades !! Tellement dans la société de consommation que même le Lave-glace, ils l'achètent en quantité industrielle". Ben non, ils ne sont pas "malades", ils sont justes EX-PÉ-RI-MEN-TÉS.
En hiver, avec la neige (qu'elle tombe ou qu'elles te soient renvoyées par les voitures devant toi), la transparence de ton pare-brise a une espérance de vie d'à peu près 60 secondes. Seul solution, le lave-glace que tu injecteras à foison sur ton pare-brise.
NB : pour vous donner une idée de l'importance de ce liquide miracle, dans ma ville de la Rive-sud de Montréal, ils ont installé une station automatique de recharge de lave-glace : 24/24, 7/7./


11. Du contrat CAA tu te munieras

Petite subtilité de l'assurance auto québécoise, elle n'inclut pas l'assistance en cas de panne. Or, vu le climat qui règne ici à peu près 6 mois par an, les sorties de route (sans dommage, mais sans possibilité de s'extirper seul du banc de neige dans lequel on se retrouve), les batteries à plat, les pneus crevés (par -20 changer une roue, est une activité que je ne conseille qu'à ceux qui m'ont vraiment pourri la vie un jour), les pannes d'essence, etc.. ne sont pas rares. Mais pour cela, il y a de très bons services d'Assistance : rapide, efficace et plutôt pas cher. Par contre, il faut s'inscrire, et comme pour toit le monde ici, c'est évident, on ne vous le précisera pas forcément.

L'Assistance la plus connue est CAA (qui offre aussi d'autres services en mode clubs). Mais il en existe d'autres comme Desjardins par exemple (en règle général, chaque assureur a une solution assistance à proposer.).



Et un dernier conseil (le 12ème) en joker-bonus-c'est pour moi, c'est cadeau :


Ton permis de conduire en poche tu auras

Cela peut paraître bête comme conseil, mais pourtant. Je te conseille méga fortement d'arriver ici avec ton permis de conduire.
Déjà parce que vivre au Québec, sans avoir la possibilité de conduire, c'est te condamner à ton pâté de maisons ou à ton bloc. Les transports en commun, c'est encore un concept en voie de développement ici.
Mais surtout parce que passer son permis ici quand tu es déjà adulte, c'est une vraie galère. Ici, tout est fait pour que les jeunes passent leur permis à 16 ans. Les cours puis la conduite accompagnée obligatoire t'emmènes gentiment à tes 18 ans. Sauf que quand tu arrives majeure et que tu dois passer ton permis, tu vas devoir passer par le même process (bon courage pour trouver quelqu'un pour les 1 an de conduite accompagnée !) : ça prend 2 ans, et ça coûte un rein.
Dernière info : ici, ils paient le permis tous les ans. Alors renseigne-toi et garde ton seul permis français aussi longtemps que possible (pour ma part, avec un permis de travail et un permis international que j'ai fait faire avant mon départ, je peux conduire légalement pendant 3 ans. Après... Je devrais aller payer mon permis tous les ans comme tout le monde.).


A bientôt sur les routes !


Jean-Michel


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