"Le podcast où les québécois expliquent le Québec de tous les jours, à un français fraîchement débarqué (et il ya du boulot !)."



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Quelques subtilités du français du Québec

Jean-Michel Lhomme • 5 avril 2021

Je ne vais pas vous faire un dictionnaire franco-québécois, il en existe pleins de très très bien. Par contre, à l'usage, j'ai découvert quelques petites subtilités de langage qui ne figurent pas dans ses dicos et qui peuvent s'avérer bien utile pour éviter de passer pour un ahuri.

Un chum n'est pas QUE le petit-ami d'une blonde
C'est l'une des expressions québécoises les plus connues des Français. Elle a d'ailleurs été reprise par Grand Corps Malade dans sa chanson "A Montréal" : "ce pays où les bondes ont des chums et où les chums ont des blondes".
Sauf qu'à l'usage cela ne se limite pas aux relations amoureuses. Il n'est pas rare d'entendre un homme parler des ses chums. Et quand je dis pas rares, c'est même plutôt hyper fréquent. J'ai même plusieurs entendus un père utilisé ce terme pour parler de ses fils. Alors pour faire simple, traduisez chum par ami.


On veut tu une explication sur ce "tu" qui sonne bizarre à nos oreilles ?

C'est comme le Canada Dry : "Ça ressemble à un tu pronominal, ça a le goût d'un tu pronominal, mais ce n'est pas un tu pronominal. Et c'est pour cela que ça fout le bordel". En fait, ici, il s'agit d'un "tu interrogatif". Pour tout comprendre, je vous renvois aux excellentes explications de l'insolente linguiste (vous trouverez les liens vers ses livres et vidéos dans la section "pour aller plus loin" du site).
Mais je peux vous donner un truc : ce tu, remplacez-le par t'y ou par t'il. C'est d'ailleurs de là que viens ce tu (juste une évolution de la prononciation du t'il, qui est devenu ty avant de devenir tu, sous l'effet de la légendaire souplesse des joues québécoises). Pourquoi ça marche, parce que la formulation avec le t'y on la retrouve encore aujourd'hui en France. Penser au titre du podcast : Fais-tu frette (qui d'ailleurs devrait s'écrire "fait tu frette") devient fait t'y frette ? ou Fait-il frette ? Pour peu que vous ayez saisi que frette veut dire froid, c'est tout de suite plus simple non ?


Le E se prononce parfois A, et le A se prononce souvent O

Au fil du temps, la prononciation de la langue a évolué. Mais si vous avez écoutez l'émission #6 "Histoire(s) du Québec" vous savez que c'est plutôt de côté de l'hexagone que cela a évolué. Principalement dans un désir de marquer une différence entre "le bon peuple" éduqué et raffiné et "le peuple"... dont je vous laisse imaginé ce qu'ils pouvaient bien en penser. D'ailleurs, il en a été de même à propos de l'orthographe, qui, à la même époque, a été volontairement compliqué pour exactement les mêmes raisons de marqueurs sociaux. Alors certes, l'élégance était peut-être dans la prononciation, mais pour le reste...
Revenons-en au Québec. La prononciation d'ici est donc proche de celle qui était utilisée en France au XVIIe. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard, si au détour d'une conversation, vous croirez reconnaître un mot de votre patois régional. Moi ça m'arrive tout le temps ! Alors ici, vous entendrez :
. "Ça coûte 100 piasses" : comprenez, "ça coûte 100 pièces" c'est-à-dire 100 dollars
. "C'est de le marde" : comprenez... non, vous avez compris :-)
Ces transformations se retrouvent souvent à l'écrit. Ce n'est pas le cas du A qui se prononce O.
. "C'est pô possible" en est un bon exemple.
Cette prononciation, vous le retrouverez dans quasiment tous les albums d'Astérix.
Comme quoi, nos ancêtres les Gaulois ne sont jamais très loin. Même au Québec !




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